Le slam, kesako ?

Né aux Etats-Unis, le slam s'est démocratisé en France et a été popularisé par Fabien Marsaud plus conu sous son nom de scène : Grand Corps Malade. Nous vous proposons ici de mieux connaître cet art oratoire basé avant tout sur l'écriture, par un extrait de l'excellent "Petit guide méthodologique pour l'animation d'ateliers slam" du collectif 129H.

Quelques repères historiques...

Mouvement lié à l’oralité, défendu le plus souvent comme une discipline à part entière, le slam est un terrain d’expression poétique qui trouve ses origines aux Etats-Unis, mais pas seulement. Aujourd’hui, cette forme oratoire s’est développée dans la plupart des pays européens et très certainement ailleurs dans le monde. Son histoire pourrait remonter jusqu’à celles des grecs et de l’agora, passer par celle des griots d’Afrique de l’Ouest, des joutes orales du sud de la France, des duels d’improvisation du Brésil et de Cuba, jusqu’aux réunions poétiques des poètes de Saint-Germain des Prés...

Racines américaines (1980-1999)

Art collectif, tribune de libre expression, mouvement à forte revendication sociale, le slam prend racine dans une culture qui emprunte autant à la tradition de la poésie américaine (de Walt Whitman à Allen Ginsberg) qu’à la culture afro-américaine (des dirty dozens au toasting) et au mouvement punk (contribution d’Anneline Pétrequin - site les Polysémiques).

Dès la fin des années 70, les lectures de Jérôme Salla et Elaine Equi font figure d’actes fondateurs. Vient ensuite la performance de Ted Berrigan et Ann Waldam, qui, vêtus d’un équipement de boxeurs, se livrent à une joute sur le modèle des matchs de boxes, joute qui marquera les esprits. De nouveaux gladiateurs du verbe font leur apparition et, en faisant descendre la poésie de sa tour d’ivoire, conquièrent un nouveau public.

On s’accorde à situer les origines de la poésie slam au milieu des années 80 quand, Marc Smith, jeune écrivain informel de Chicago, eut l’idée d’organiser une compétition de poésie dans le bar Green Mill. Smith voulait que le public devienne juge en prenant part à la dialectique poète-public. Aussi, le style slam devait se construire à partir de contributions d’origine démocratique, issues de la communauté et du public. Marc Smith inventa alors le slamming : la poésie contre les conventions, dans les bars au lieu des salons ou des clubs.

Ce nouveau mouvement fut baptisé ironiquement le "slam-poésie des beaux quartiers" (the uptown poetry slam). Ces premiers slams avaient l’aspect de tournois d’exhibition et, bien qu’informels, ils ressemblaient déjà, en beaucoup de points, à ce qu’ils sont aujourd’hui. Pour le premier slam, Jean Howard et Anna Brown endossent des tenues de combat cloutées et portent des armes. Marc Smith voulait une bataille. Et les poètes devaient user de leur poésie comme d’une arme. Les arbitres sont choisis parmi les auditeurs. A l’aide d’un petit carton, ils attribuent une note (de 1 à 10) à chaque poème lu. A la fin du tournoi, les scores sont additionnés pour déterminer le vainqueur. A ce moment là, personne n’était en mesure de donner une définition claire du slam. Dès novembre 1987, les rencontres slam ont leur chronique dans le Chicago Magazine et deviennent le grand événement de la ville. Cette fois, tous les ingrédients sont là pour connaître le succès : le public, l’esthétique, la participation de personnalités... Aussi, le phénomène se propage rapidement dans tout le pays et connaît un grand succès.

L’ambiance est celle d’un match de boxe carnavalesque : on vend des hot dogs pendant les tournois, à l’extérieur, un bonimenteur harangue la foule. Le but est de combiner la poésie et le spectacle, le travail théorique et la théâtralisation.

En octobre 1990, à San Francisco, Herman Berlandt et Jack Mueller de l’Association Nationale de Poésie, organisent un festival national de poésie auquel participent pour la première fois des slameurs. Gary Glazner était en charge 16 de l’organisation. Glazner contacta Marc Smith afin de l’éclairer sur les moyens logistiques d’organiser un slam. Le slam se fraya ainsi un chemin jusqu’au département des affaires culturelles de Chicago.

Le slam atteint son apogée dans la ville de Chicago, permettant à maints écrivains locaux de se faire connaître. Le fossé entre les écrivains académiques et les slameurs se creuse encore plus. Les slameurs de Chicago mettaient en avant la question sociale. Formellement, ils évitent la rime, le système métrique traditionnel, et l’emploi comme sujet du «je» usuellement réservé au style narratif. Le slam étant un art oral de spectacle, ils refusaient toute forme de publication ou d’édition. Marc Smith décide d’offrir à San Francisco son concept du slam. L’école slam de Chicago conquit très vite San Francisco ; il reste à conquérir la côte Est, ce qui fut fait rapidement.

Boston devint la rivale de Chicago. Dès 1992, Boston accueillait les championnats nationaux du slam. Le climat politique agressif de Boston en 1992 favorisa l’essor et le succès du slam en Nouvelle-Angleterre.

Très vite, le slam se répandit à travers les USA. Chaque semaine, chaque mois, dans plus de vingt villes américaines, des écrivains se rassemblaient pour faire entendre leur voix par le biais du spectacle, chaque communauté accentuant ses propres spécificités culturelles.

En 1993, se tient le premier slam dans le métro (the Underwater Slam) à San Francisco. Les poètes offrent un spectacle de 20 minutes dans le métro entre la baie de San Francisco et Berkeley. Lorsqu’ils annoncent qu’ils envisagent de répéter cette opération hebdomadairement, les gens, pris de panique, quittent précipitamment leur siège pour se réfugier dans un autre wagon. Ce festival de San Francisco en 1993 fut un tournant dans l’évolution de la communauté. De nombreux désaccords parmi les équipes organisatrices font prendre conscience aux membres de la communauté de l’urgence de structurer les rassemblements. Un comité fut créé (International Organisation of Performing Poets ou IOPP) chargé d’organiser les compétitions nationales et d’en mettre au point les règles du jeu. Il mettra aussi en place des rencontres internationales : les International Olympics.

Le règne des championnats

Jusqu’en 1996, les divers championnats et festivals représentent les événements majeurs de la scène slam et contribuent à sa popularisation. Ils sont organisés sur trois échelles : locale, nationale, internationale. Ce sont des événements démocratiques et populaires, qui ressemblent beaucoup aux matchs sur rings organisés à Chicago. Les règles sont très strictes et l’ambiance oscille entre harangue, mouvements de contestation et nuée d’applaudissements. Au sein des villes, à l’échelle locale, les poètes s’affrontent dans des cafés et cafés-théâtres d’habitués. Il y a des épreuves par équipes et un concours individuel. Les juges sont choisis au hasard dans l’audience. La composition d’une équipe peut varier au cours de la soirée, le choix de ses membres est une véritable stratégie qui évolue en fonction des performances des autres équipes. Si les adversaires d’une équipe ont obtenu une bonne note, l’équipe aura intérêt à faire concourir ses meilleurs membres
mais ceux-ci devront renoncer à la compétition individuelle. Les tensions montent, chaque poète doit choisir entre son intérêt individuel et l’intérêt collectif. Les soirées sont très animées et passionnantes. Les vainqueurs remportent une récompense sous forme de prime (souvent une centaine de dollars). Le spectacle est fascinant, des spectateurs s’emportent en applaudissements et des poètes protestent contre un vote injuste.

Les cafés théâtres organisent souvent d’autres événements : concerts, représentations théâtrales… A l’image du Nuyorican Poetry Café à New York, ils sont des lieux d’échange, d’éclectisme et de créativité.

Au niveau national, les règles de compétition sont plus strictes. Le poète ne dispose plus que de 3 minutes pour déclamer, avec une période de grâce de 10 secondes. Chaque poète est considéré comme membre d’une équipe. Il reçoit un droit de vote et choisit les deux ou trois équipes qu’il juge les meilleures. Chaque équipe doit écouter toutes les autres afin que chacune soit éligible. L’ambiance est plus calme. Les équipes sont responsables non seulement du vote mais aussi de l’évolution ultérieure de la "législation" slam : elles émettent des critiques sur les règles du jeu, la validité d’un vote. Les vainqueurs se voient récompensés par des primes pouvant atteindre 1000 $.

Les championnats nationaux jouent un rôle important en ce qui concerne la renommée d’une équipe et influencent ainsi grandement le devenir des actions locales entreprises par cette équipe. Ainsi le mythique Nuyorican Poetry Slam, champion en 1996, a imposé son café théâtre comme un lieu incontournable de la scène slam américaine. Et l’Austin Poetry Slam a une action très étendue au Texas.

Globalement, si la communauté slam propose au niveau local des lieux de rassemblement qui doivent être propices à l’échange avant toute forme de compétition, le rôle des rencontres nationales est clair, ce sont avant tout des étapes qualificatives pour les rencontres internationales.

Les Poetry Olympics ont lieu chaque année dans des pays où une communauté slam est très active. Ils sont organisés depuis 1996. Des qualifications sont organisées au niveau national dans tous les pays participants. Des championnats se sont déjà déroulés à Jérusalem (octobre 1996), Hambourg (février 1997), Johannesburg (été 1997), Stockholm (octobre 1997 et octobre 1998).

Bien que très organisées, ces compétions ne sont pas tombées dans l’académisme et conservent la convivialité des bars de leur origine. Les poètes sont souvent passionnés et déclament devant une assistance attentive avant que les votes donnent lieu à de vives manifestations. Les récompenses atteignent des montants élevés (de l’ordre de 2000 $ pour l’équipe gagnante et de 500 $ pour le champion individuel) et ajoutent à l’intensité de la soirée… Si le système de vote est identique à celui des compétitions nationales, certaines règles peuvent changer au fil des ans comme celle concernant la langue. Lors des premières olympiades toutes les prestations se faisaient en anglais, puis l’IOOP a décidé de mettre en valeur le multiculturalisme qui caractérise ses rassemblements en exigeant que les représentants d’un pays s’expriment dans leur langue maternelle, une équipe s’exprimant dans une seule langue. Un pays peut avoir plusieurs représentants selon que son éventail linguistique est plus ou moins large (comme la Suisse ou Singapour).

Le début des années 1990 est une période de solidification de la Slam family à travers ces compétitions. Durant cette période, des cafés se sont imposés en tant que pépinières de poètes (Nuyorican Café, Austin Café…) qui alimentent les compétitions. Ces dernières sont très animées (certains poètes vont jusqu’au strip tease, les juges passent souvent 24 heures sans dormir afin de régler des disputes…) si bien que le slam se forge progressivement une identité de « sport sanguinaire» au sein du mouvement littéraire américain. Mais les différents championnats sont ainsi l’occasion pour la communauté d’exprimer et de défendre des enjeux sociaux et politiques.

Loin d’être un clan fermé, la Slam family entend créer des débats d’idées concernant tout un chacun ; elle pourrait être rapprochée du mouvement hip hop par ses revendications sociales : elle prône la liberté d’expression et le réalisme, elle chante la rue, la violence et le désespoir, l’amour et les rêves aussi…

Bientôt elle intéresse les médias. La popularisation du mouvement commence avec quelques retransmissions télévisuelles comme les Spoken Words Unplugged diffusés par MTV en 1992 et 1994.

De l’underground à un art complet...

Jusqu’en 1996, le mouvement est resté relativement peu connu en dehors du milieu underground. Quelques disques (GrandSlam ! en 1994), quelques articles donnèrent au slam une place de renégat dans la poésie contemporaine américaine. Elle fut pourtant révélée grâce à l’intérêt des journalistes Tony Award et Paul Devin qui collaborèrent avec le slameur Saul Williams. Grand champion du Nuyorican Poetry Café de Brooklyn et vainqueur de la compétition nationale de Portland en 1996, il fut mis en vedette par Tony Award dans le documentaire Underground Voices qui relate le championnat. Il contribua aussi à l’écriture de Slam Nation, où Paul Devin analyse la montée en popularité du slam sur le territoire américain.

Par la suite, en 1997, Saul Williams co-rédigea le scénario du film Slam, réalisé par Marc Levin. Primé caméra d’or au Festival de Cannes en 1998 et grand prix du Sundance la même année, Slam marque la reconnaissance du slam ou spoken word en tant qu’art à part entière.

Une conséquence immédiate est l’explosion de la popularité du slam : la presse s’est emparée du phénomène; la chaine CNN était présente aux championnats nationaux d’Austin en 1998 et a suivi deux équipes quelques mois auparavant, MTV parle des Real Worders, littéralement "vrais faiseurs de mots"…

Dès lors, les agitations internes de la Slam family, les controverses au sujet des votes, donnent lieux à de nombreux articles. La Slam family a quitté le milieu underground et devient une scène à part entière avec ses événements et ses scandales. Des personnalités occupent le devant de la scène (Patricia Smith, Gayle Danley, Bob Kaufman, Jack McCarthy), et obtiennent des prix à répétition lors de championnats nationaux.

Petit à petit, le slam se forge une identité dans les milieux musicaux et poétiques américains. Il est reconnu en tant qu’art oral : un art de représentation qui exprime toute sa force dans l’instant de la déclamation.

Enfin reconnu, ses influences sont plus variées que jamais : les artistes s’inspirent de rythmes hip hop, flamenco, de blues pour les mélodies ; ils décrivent la réalité de la rue, tout ce qui les frappe dans un vaste mouvement contestataire et s’attaquent à des sujets toujours plus variés (violence, meurtres, sexualité, scandales, racisme, plagiat…). Le slam est devenu aux USA le lieu de la liberté d’expression absolue (contribution de Xavier Lauretta).

Historique en France

Avec un décalage d’une dizaine d’années, le développement du slam en France présente de nombreuses similitudes avec celui de son grand frère américain. Dans sa mutation d’underground à discipline artistique complète, dans sa capacité à quadriller des territoires, dans sa faculté d’investir peu à peu un paysage culturel…

Historique à Paris (1995-2000)

Evoluant en marge des cercles de poésie traditionnels, la formule du slam semble naître en 1995 dans un ancien bar à entraîneuses de Pigalle, le Club Club. Ce qui ne s’appelait pas encore slam réunissait tous les mardis un noyau restreint de poètes, performers et rappeurs, dont déjà Nada, Joël Baratzer, le mythique MC Clean et Pilote le Hot. Il s’agissait d’une scène poétique ouverte, où les genres et les inspirations cohabitaient et où les fonds musicaux étaient autorisés.

La fermeture du Club Club en 1998 coïncide quasiment avec la sortie du film Slam de Marc Levin. L’histoire est celle de Ray Joshua, un jeune noir qui vit dans un ghetto de Washington, interprété par le poète-rappeur Saul Williams. Condamné pour possession de marijuana, il rencontre en prison une slameuse qui anime un atelier et qui l’encourage à développer ses dons pour l’écriture et l’oralité. Avec Saul Williams, la poésie retrouve son essence orale originelle et le slam se définit en France comme une forme de poésie déclamée proche d’un rap a capela.

La sortie du film en France fait connaître l’existence d’un mouvement slam aux Etats-Unis, initié par Marc Smith au Green Mill de Chicago. Le succès de slam permet également au noyau du Club Club de mettre un nom sur ses propres pratiques orales, tandis que Pilote le Hot s’engouffre dans la brèche en fondant Slam Productions. A partir de 1998, il présente les premières scènes slam dans l’Est parisien, où défilent la plupart des activistes actuels de la scène parisienne. Tout en prétendant démocratiser la poésie, il dépose, en son nom, le mot “slam“ à l’INPI (Institut National de la Propriété intellectuelle).

Historique à Paris (2000-2003)

Sur Paris et jusqu’en 2000, la visibilité du mouvement slam est réduite à celle de Slam Productions, qui impose un monopole institutionnel et médiatique, tout en occultant les énergies parallèles. Depuis, plusieurs individualités et associations parisiennes ou de banlieue ont préservé leur indépendance et se sont investies dans cet art oratoire en proposant des scènes, des projets, des initiatives différentes de l’association parisienne de Pilote le Hot. La partie immergée de l’iceberg, qui malgré ses efforts n’a jamais réussi
à se fédérer, présente en 2001 de multiples facettes :

Le Collectif 129H voit le jour en septembre 2001. Né de la rencontre en 2000, de Rouda, Neobled, Lyor et Ninanonyme, c’est le premier collectif de slameurs français, qui très tôt développe toutes sortes d’actions autour du slam : scènes ouvertes, ateliers, spectacles, émissions de radio…

L’association Uback Concept (Saint-Denis) est la première association à avoir présenté des slam sessions sur la région parisienne. Fondateurs de la scène slam du Café Culturel de Saint-Denis, première scène régulière à la périphérie de Paris, Lynx-K et ses acolytes sont également à l’initiative des premiers tournois slam, avec des compétitions lancées autour de thèmes.

Nada, le griot trash de la punkitude, s’est également démarqué en prenant l’initiative de présenter ses propres scènes. Il privilégie aujourd’hui une approche plus spectaculaire du slam avec ses One Man Slam et les performances de son collectif Spoke Orchestra (Nada, D’ de Kabal et Felix Jousserand).

Fait marquant en mars 2003, dans le cadre de la journée de la femme s’est constitué le premier collectif féminin de slam - poésie urbaine (Chantal Carbon, Crawlad’s, Fleur, Léo Lam, CATherine MATHon, NinaNonyme, Pom, Spiaxx, Yamlayam) qui propose un spectacle inédit, intitulé Slam ô Féminin.

D’autres scènes slam naissent également entre 2000 et 2003 : Shakyamouni, l’homme qui tague "Amour" dans toutes les rues de Paris, présente des scènes nomades dans la capitale, Saër investit le café Le Valmy.

A signaler également le travail de diffusion active de Gérard Mendy et l’association Squal’ à Mantes-la-Jolie (voyageur des quartiers, volontairement à l’écart des houles médiatiques, et pour beaucoup, précurseur du slam en région parisienne), Nebil, JLS et l’association Ma Quête à Maisons-Alfort, Georges-Cyprien et l’association Culture Urbaine à Sarcelles, Mimnerme le Mot-Dit et l’association Transform’Art, Catherine Mathon et l’association Oralités.

Durant ces premières années, deux fanzines fondés par des slameurs circulent également sur les scènes slam parisiennes : Slamzine (Normal) et Politbüro (Chantal Carbon).

Juliette et Sunday People sont à l’origine des premiers tournois slam hebdomadaires qui réunissent dans des cafés parisiens la plupart des activistes du moment (Autobus, Café de la Plage, Lap’art).

Spoke Editions (Felix Jousserand et Didier Feldmann) est une micro-société d’édition qui publie des œuvres de slameurs.

Depuis 2003, Planeteslam (fondé par Tsunami MC) organise et anime des scènes slam (Les Fontaines), diffuse des performances slam et spoken word (l’accompagnement musical est autorisé et encouragé) et propose sur le net le site le plus généraliste sur le slam français.

Ce rapide tour d’horizon reste parisien. Dès 2001 et partout en France, des associations, des individualités et des collectifs initient également des actions indépendantes (slam sessions, ateliers, performances) : Demodokos à Lille, Inkorekt à Montpellier, SLAM (Section Lyonnaise des Amasseurs de Mots) à Lyon, Les Lyricalistes à Bordeaux, Les Polysémiques à Vienne, SRAS à Strasbourg, le slameur Otman et d’autres à Toulouse, Frédéric Nevchehirlian à Marseille, etc…

En 2003, ce foisonnement reflète ainsi la joyeuse impossibilité pour ce mouvement croissant d’être représenté par une seule personne ou un seul collectif, tout en appelant à la constitution de nouveaux regroupements.

Historique à Paris (2003-2005)

A partir de 2003, le "mouvement" slam parisien propose d’autres alternatives et le monopole de Slam Productions s’effrite. Les scènes ouvertes indépendantes se multiplient à Paris et en France. En 2001 et en 2002, la scène parisienne comptait peu de soirées régulières (Pilote le Hot, Nada et 129H). Fin 2004, on peut voir, entendre ou faire du slam presque tous les soirs.

Sur cette même période, on assiste à la multiplication des tournois slam : Bouchazoreill’ ou Slam United. Le slam sort pour la première fois des petits cafés parisiens. Réunissant un public toujours plus nombreux, ces compétitions d’envergure investissent de grandes salles parisiennes (La Boule Noire, Le Trabendo, La Java) et révèlent de nouveaux slameurs comme Grand Corps Malade ou John Pucc’chocolat. Historiquement, la première compétition slam se déroula au Café Culturel de Saint-Denis en 2002 (le vainqueur s’appelait… Lyor), suivi en 2003 par des soirées régulières organisées par Juliette et Sunday People.

Parallèlement aux slam sessions et aux tournois, des collectifs et des individualités issus de la scène slam poursuivent des démarches de création : Spoke Orchestra, 129H, Le Cercle des poètes sans instru (129H, Droopee et Techa, John Pucc’ et Grand Corps Malade), Le meilleur ami des mots (Souleymane Diamanka et John Banzaï), 8ème Sens (Gérard Mendy, Twice et Aymeric), Tsunami MC Spoken Word, Le Robert en musique

Dans le même temps, le slam, notamment par le biais d’ateliers d’écriture, pénètre les institutions (Ministère de la culture, Education Nationale, la Justice), tandis que les réseaux artistiques professionnels s’y intéressent : l’édition du Printemps de Bourges 2004 révèle dans son volet "Attention Talent Scènes" Spoke Orchestra et le rappeur-slameur Dgiz.

Le premier album issu de la scène slam "Interdit aux mineurs" de Spoke Orchestra, distribué par BMG, est disponible presque partout en 2004, tandis que le single "C’est comme ci c’est comme ça" de Fawkoju (alias Fred le poète) connaît une large diffusion sur les ondes des radios françaises.

En 2005, le slam n’est plus un phénomène exclusivement parisien : des scènes et des structures se sont déjà développées en régions, de Strasbourg à Marseille, en passant par Lille, Rennes ou Bordeaux. Le slam français s’exporte également à l’étranger (129H est intervenu au Brésil, au Maroc, au Mali et en Egypte).

En réponse à ce développement rapide et multidirectionnel, deux initiatives se mettent en place :

En 2004, la création de la FFDSP (Fédération Française de Slam Poésie), issue de Slam Productions et directement reliée au mouvement slam international, lui même contrôlé par Marc Smith. La Fédération, qui encarte les slameurs, reprend les règles des compétitions américaines et le premier Slam National en 2004 envoie aux Etats-Unis la première équipe de slam français, emmené par … Pilote le Hot…

En 2005, l’opération Parlons Slam en France, coordonnée par la Slam Family (Normal, Lynx K et Lo) propose une recherche de sens, de cadre et de définitions.

Historique à Paris (2006)

En mars 2006, l’album Midi 20 de Grand Corps Malade, signé en licence chez AZ/Universal, est propulsé disque d’or en quelques semaines. La discipline slam devient subitement médiatique : radios, télés, grands quotidiens, magazines, Internet…. Tout le monde en parle.

Le succès de Grand Corps Malade (Double disque de platine, double Victoires de la musique) semble déterminant dans l’évolution qui se dessine en 2OO6. Il rend visible une discipline et l’ensemble des acteurs qui la portent. Entre querelles de clochers et bagarres de définition, le mouvement slam se professionnalise. Il investit la scène nationale et les centres culturels, il s’exporte partout en France et à l’étranger. La pratique fait de plus en plus d’adeptes : les demandes d’animation d’ateliers se multiplient, le nombre de nouveaux slameurs et de scènes slam augmente considérablement.

Les artistes issus du mouvement se confrontent désormais à l’univers et à la logique des maisons de disque. EMI et Because Music produisent des compilations slam et de nouveaux artistes voient leurs albums signés dans des labels et des majors.

Dans le microcosme parisien on parle de moins en moins d’écriture, de poésie ou d’oralité…

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